finir les cours et le voir

Je n’avais ni revu, ni adressé la parole à William depuis la soirée au bar. En faite, j’en avais eu envie mais je n’avais aucun moyen de le contacter : pas de numéro de téléphone, pas de Facebook, pas d’adresse mail, rien. Je savais que c’était moi qui était en tord : je connaissais son adresse et lui non, donc c’était forcement à moi de venir le voir. Je n’avais pas eu la force, tout simplement parce que je me sentais ridicule par rapport à ma réaction quand il m’avait posé une simple question sans aucun sous entendu. C’était trop beau pour être vrai de toute façon, il avait du se rendre compte que je n’étais qu’une simple idiote qui pleure pour n’importe quoi. Le week-end terminé, j’étais retourné à la fac. Il m’était difficile de me concentrer sur mes cours de journalisme puisque William hantait mon esprit. J’étais inscrite en fac de journalisme depuis cette année-là. Ca m’intéressait énormément, en temps normal, particulièrement mes cours de français. J’avais toujours été passionné par ce pays, cette langue et ces coutumes, vous pensez donc que je me donnais tous les moyens pour réussir à apprendre la langue. Après deux heures de français, justement, ma journée de cours venait de prendre fin. Je devais me rendre au café prêt de l’université pour voir Andrew qui m’avait pardonné le coup de la dernière fois. Il m’avait fait une crise pour je ne sais quoi mais je m’en moquais car il m’adressait toujours la parole.

Ce jour-là je portais une robe grise qui m’arrivait aux genoux et des collants noirs. Mes cheveux étaient relevés en queue de cheval et je ne portais que du mascara comme maquillage. J’avais mon sac bandoulière sur mon épaule et sortis du bâtiment. Je m’apprêtais à me diriger vers l’arrêt de bus quand une voiture s’arrêta à côté de moi et me klaxonna. Je m’étais mise à plisser des yeux pour voir qui se trouvait dedans vu que ça n’était pas la voiture d’Andrew. La voiture arrêtée, une silhouette que je reconnaissais sortie de la voiture : William. Il m’avait semblé une éternité depuis le soir où nous nous étions embrassés et j’étais sur excitée à l’idée de le revoir, au fait qu’il était venu devant la fac pour me voir. Comment savait-il que j’étais dans cette université d’ailleurs ? Je ne lui avais pas précisé, du moins, je crois. Il portait des lunettes Ray Ban Wayfrayer, ça lui correspondait tellement. Un grand sourire aux lèvres, je m’approchais lentement de lui. Il avait réussi à égayer ma journée juste en venant me voir, j’étais, on pouvait le dire, dingue de lui.

- Sympa les lunettes. Tu joues les espions maintenant ?

Et sans même le prévenir je l’enlaçais autour du cou, sur la pointe des pieds, pour l’embrasser.

S’il comptait me faire la morale, ça n’était pas le moment. Je m’en voulais assez de ce que j’avais fais le week-end dernier alors si en plus il me reprochait de ne pas lui avoir donné des nouvelles c’était la totale. Assise dans la voiture côté passager, je me mis à pousser un soupire. Je ne voulais pas lui dire que toute la journée j’avais pensé à lui jusqu’à ne pas me concentrer en cours. De toute façon je ne voulais pas paraître plus faible que je ne le paraissais déjà. Si j’avais faillit pleurer devant lui, je savais que, dans son estime, j’avais baissé.

▬ J’aurai pu te donner un signe de vie si j’avais eu de quoi te contacter, or ce n’est pas le cas donc…

Nouveau soupire. Je m’étais attachée et posais mon regard vers la vitre pour observer le paysage. Je n’avais aucune idée d’où il m’emmenait. Merde ! Andrew. Il fallait que je le prévienne. Il allait sûrement m’en vouloir. Mais j’avais vraiment envie de voir William, lui expliquer le pourquoi du comment. Je m’étais tortillée sur le siège pour pouvoir extirper mon téléphone de ma poche. Je ne comptais pas l’appeler, juste un message. « Salut. Je ne pourrais pas venir, changement de programme. Désolée. xXx ». J’appuyais sur « Envoyer » et remis mon téléphone dans ma poche. Mon regard se posa alors sur William qui semblait concentrer sur la route. Je pouvais observer dans les moindres détails son visage, les traits fins de son nez, de ses lèvres. Je ne pus m’empêcher de sourire en repensant au baiser que nous avions échangé. Je me mis à rougir lorsque, sortis de mes pensées, je remarquais que William m’observait à son tour, un sourcil arqué, du genre « Pourquoi me regardes-tu »

▬ J’admirai juste le paysage…Dis moi, je…Tu m’en veux pas pour samedi ? J’aimerai t’expliquer pourquoi, mais c’est dur.

Je ne savais pas si il blaguait ou pas. Avec lui c’était ça de toute façon : je ne savais jamais comment réagir à sa mégalomanie et à ses « menaces ». Le sourcil arqué, je ne savais pas si c’était une bonne idée de lui parler de tout ça. D’une, parce que ça allait sûrement plomber l’ambiance et de deux parce que je ne le connaissais pas si bien que ça, non ? Certes nous nous étions embrassés mais je ne savais rien de lui. D’un côté, si je ne parlais pas, lui non plus, donc je n’allais pas pouvoir le connaître plus. Il fallait que je lui dise, ça n’était rien après tout, juste ma vie misérable. J’avais peur qu’il prenait pitié de moi, que son regard sur moi changeait, qu’il me jugeait. Je savais que ça ne lui ressemblait mais ne savait-on jamais. Lorsque nous étions sortis de la voiture, j’observais le café dans lequel nous entrions. Il était chic et désert, ce que j’appréciais. Je détestais la foule comme au bar où William avait fait son concert, et savoir qu’il faisait de bonnes choses étaient un plus. Il comptait m’emmener manger le soir, et ça ne me déplaisait pas, au contraire, j’étais heureuse. Il n’y avait qu’avec lui que j’étais aussi bien. Même avec Andrew c’était différent. Dés lors que je voyais William, mon cœur battait à toute allure et des papillons gambadaient dans mon estomac. J’hochais la tête pour lui confirmer que ça ne me dérangeait pas. Nous prions commande, deux cappuccinos avec un muffin chocolat pour William et un beignet à la framboise pour moi. Quand nous nous installions, je pris une grande inspiration en décidant de lui raconter pourquoi ma famille et moi avions quitté Brighton.

▬ Tu m'as demandé pourquoi j’avais quitté l’Angleterre. Mon frère est décédé là-bas, dans un accident de voiture, j’étais à côté de lui. Je n’avais que huit ans et lui seize. Ca a brisé mes parents qui ont divorcé par la suite. Ma mère m’a emmené avec elle ici mais, pour tout te dire, je ne sais pas si c’était une bonne idée. C’est à se demander si elle me reconnait. Elle perd la boule. Soit elle boit, soit elle dort, ou bien elle prend des médicaments.

Je me mis à pousser un gros soupire, le regard posé sur ma tasse de café. Comparé à la dernière fois, je n’avais pas les larmes aux yeux. En fait, ça faisait du bien d’en parler. Je n’en avais parlé qu’une fois à Andrew et il faisait tout pour éviter ce sujet. Il avait déjà rencontré ma mère et il avait mieux fallut que non. Je sentais le regard de William sur moi, ce qui me mettait mal à l’aise. Je relevais alors les yeux pour les plonger dans les siens. Il semblait étonné voir choqué. Oh non pas ça.

▬ Je ne veux pas de la pitié des gens Will. Considère juste que j’ai eu une jeunesse à chier, mais je suis toujours Jane.

Je venais, moi aussi, de finir mon cappuccino, alors je me tournais les pouces comme un signe de nervosité. Après l’expression choquée qu’il m’avait laissé paraître, il semblait satisfait. Comme si le fait que je lui avais raconté mon passé le soulageait d’un poids. Il est vrai que de mon côté ça me soulageait. Il était le deuxième à savoir ce que j’avais enduré ce qui le rendait encore plus spécial. Un frisson me parcourait dans tout le corps quand il posa sa main sur la mienne. Elle était chaude, surement à cause de la tasse qu’il venait de poser sur le plateau.

▬ J’avais Andrew, et je n’aurai pas pu me regarder dans une glace si j’avais laissé ma mère seule dans cet état.

Elle était devenue comme cela depuis la mort de mon frère, alors si, en plus de cela, je la laissais seule j’avais bien peur que la situation empirait. Mais après mure réflexion, je ne savais même pas si elle savait qu’elle avait une fille. Je n’étais pas jalouse mais mon frère avait été tout pour elle, et ma mère n’avait même pas fait l’effort d’être en bonne santé pour son deuxième enfant. Il fallait que je pense à moi. Combien de soirée avais-je passé à m’occuper d’elle au lieu de voir Andrew ? Beaucoup trop. Mes doigts caressaient la main de William, et nos yeux ne pouvaient se lâcher.

▬ Maintenant que tu en sais beaucoup trop sur moi, il serait juste que tu me parles de toi, non ?

Ca ne me déplaisait pas ces moments de confessions comme il disait. Il semblait désolé de m’annoncer que lui avait eu une vie sympathique. Et je savais, à ce moment là, qu’il compatissait, et qu’il avait peur de me déprimer parce que moi j’avais une vie de merde. Loin de là, j’étais contente pour lui. Je ne souhaitais à personne d’avoir la même vie que moi voir pire parce qu’il devait bien exister pire. J’étais même, dans un sens, reconnaissante d’avoir vécue toutes ces épreuves parce qu’elles m’avaient forgées mon caractère et avaient fait de moi ce que j’étais. William me fit sortir de mes penser, et je m’étais stoppée net alors que je comptais mettre ma ceinture. Je le fixais, sans réellement comprendre où il voulait en venir. Est-ce que je le considérais toujours comme un idiot narcissique ? Oui. Sauf que j’avais appris à apprécier ce côté con et qu’au final je n’étais pas bien mieux que lui. Un sourire en coin se dessina sur mon visage

▬ Qu’est-ce qui te fais penser ça ? Tu restes toujours un idiot à la mégalomanie démesurée.

Son expression faciale m’annonçait qu’il ne savait pas si je blaguais ou pas, ce qui me donna une folle envie de rire. Je ne pus me retenir et me mis à exploser de rire, ce qui, visiblement, avait détendu l’atmosphère. Il conduisait et néanmoins j’avais envie de l’embrasser à cet instant. Je m’approchais de lui et lui volais un baiser. Il fut surprit, encore une fois, comme si il ne s’attendait pas à ce que je lui montre qu’il me plaisait et que je voulais plus avec lui. Et tout d’un coup, c’était comme si je m’étais prise un coup de massue. Certes il m’avait embrassé le week-end d’avant mais était-ce vraiment parce que je lui plaisais. Est-ce qu’il voulait vraiment de moi autant que moi j’avais envie d’être avec lui. Je m’étais un peu recroquevillée dans ma bulle, le regard à présent rivé vers la vitre. Les larmes me montaient aux yeux parce que je me rendais compte que, contre mon gré, j’étais en train de tomber amoureuse de lui. J’étais amoureuse d’un idiot mégalomane et narcissique qui ne pensait qu’à sauter des blondes tirées à quatre épingles. Si j’étais du genre distant au premier abord, dés lors qu’on forçait un peu j’étais une fille qui faisait confiance très rapidement. Mais pouvais-je faire confiance à William ? Parce qu’à présent il n’y avait pas que son physique qui me plaisait mais tout. Je commençais à apprécier ce côté « je sais que je plais » que j’adorais rembarrer. Il pleuvait à présent. Si je n’avais pas été aussi morose j’aurai probablement rigolé de la situation parce que comme par hasard le temps changeait en fonction de mon humeur, comme dans les films vous voyez. Il n’avait pas fait très beau la journée de toute façon donc cela avait été prévisible. Je ne savais pas si William me fixait ou pas, et je m’en fichais un peu. Je ne savais pas si je devais continuer à le voir et que mes sentiments continuaient à grandir ou si je devais mettre un terme à tout cela. Parce qu’il était inutile de se voiler la face : j’avais peur de souffrir. J’estimais que j’avais assez souffert durant mon enfance. Andrew m’avait apprit que la vie ne pouvait pas toujours être nulle, mais il n’avait jamais été question d’amour, et là tout se chamboulait dans ma tête. Je me détestais d'être aussi lunatique.

J’étais rassurée et encore plus honteuse de moi. Néanmoins il fallait que je sois sur que je ne fonçais pas droit dans un mur avec Will. Ses paroles m’allaient droit au cœur que je sentais fondre pour lui. Il avait eu les bons mots et les bons gestes, comme toujours – sans compter la fois au lac bien évidement -. Mais savoir qu’il n’avait pas l’intention de me blesser et de jouer avec moi me rassurait quant à mes sentiments pour lui. C’était comme si j’avais eu une crise de panique quand je m’étais rendue compte que peut-être mes sentiments n’étaient pas réciproque et qu’il m’avait embrassé seulement pour s’amuser. Je le contemplais sourire et faire demi-tour. Il avait, apparemment, changer de programme pour moi. Pourquoi n’avais-je pas vu plus tôt tout ce qu’il faisait pour moi et que cela semblait profondément le chambouler ? Lui aussi n’avait pas l’habitude de ressentir des sentiments. Sauf que pour moi c’était comme un traumatisme, la peur de perdre un être qui m’était cher. J’avais perdu Damon, je ne voulais pas perdre William.

Environ un quart d’heures après, nous étions arrivés et garés sur le parking d’une superette. J’avais reconnu le quartier où habitait William. Nous nous rendions à l’intérieur et je tentais de le suivre puisqu’il marchait à une allure beaucoup plus rapide que la mienne. Il savait où il allait. Nous avions prit de la nourriture chinoise dans un rayon spécial qu’il avait déposé dans un panier puis dans le rayon alcool. Je me stoppais net quand je compris enfin ces intentions

▬ Désolée de te décevoir mais je ne bois pas. Avec ma mère j’ai toujours eu peur des effets.

J’étais assise sur le canapé de William occupée à contempler pour une seconde fois la beauté de la pièce. L’odeur de la nourriture asiatique qui réchauffait dans le micro onde m’ouvrit l’appétit. Le beignet n’avait pas réussi à réduire ma faim, et j’étais bien contente qu’il ait prit une des nourritures étrangères que je préférais le plus. On avait pour habitude, Andrew et moi, de manger dans le restaurant asiatique de ma rue tous les vendredis soir pour ensuite finir la soirée chez lui à regarder des DVD de films d’horreur dont j’ai horreur parce que les sous-titres étaient très mal fait. William me fit sortir de mes pensées en me tendant un verre rempli d’alcool. Les sourcils froncés, je rapprochais le verre vers mon nez pour sentir l’alcool. L’odeur venait d’envahir mes narines, ce qui me fait pleurer les yeux. Ca sentait horriblement fort et je me demandais comment mon estomac allait pouvoir gérer ça. William me regardait comme s’il attendait quelque chose. Je savais que j’allais probablement être bourrée juste avec un verre parce que je n’avais qu’un beignet dans le ventre et parce que c’était la première fois que j’allais boire de l’alcool de ma vie. Je rapprochais le verre cette fois vers ma bouche et but une gorgée. J’avais senti le liquide descendre jusqu’à mon estomac et la brulure qui suivait après. Ce n’était pas mauvais. Sous le regard perplexe de Will je pris cul sec mon verre en le buvant d’une trotte. Il l’avait bien rempli, et j’avais la sensation de pouvoir cracher du feu. J’avais reposé violement le verre sur sa table basse en poussant un soupire.

▬ On fête quoi au juste ?

Je n’appréciais pas vraiment le goût, ça me brûlait la gorge. Néanmoins, j’aimais l’effet que ça avait sur moi. Je me sentais invincible, et toute la gêne et la retenue que je ressentais en temps normale avait disparue. La clope au bout des lèvres et mon troisième verre dans la main, je secouais la tête pour lui affirmer que non, je ne détestais plus cela. Les effets « néfastes » de l’alcool me permettait d’oublier ma mère qui devait probablement dormir effondrée sur le canapé chez moi ainsi que les cours qui m’attendaient le lendemain.  Au final, c’était William qui me faisait tout oublier. Dés lors que je le voyais, il égayait mes journées. Alors que Will était revenu s’assoir à mes côtés, je pouvais sentir l’odeur du joint me caresser le nez. Si j’avais osé boire de l’alcool, je n’allais toujours pas toucher à la drogue, j’avais tout de même mes limites. Je sentais ma tête tournée et lorsque j’eu enfin finit ma cigarette, je m’affalais sur le canapé en posant ma tête sur l’épaule de William. Je n’avais plus faim et le temps que j’avais prit pour fumer avec fait refroidir la nourriture asiatique posée sur la table basse. William s’était penché, m’obligeant à me décaler et appuya sur un bouton qui fit allumer la chaîne stéréo. Je ne pus m’empêcher de sourire, sans réellement savoir pourquoi, l’alcool probablement. Et, sans vraiment m’en rendre compte, je me déplaçais pour faire en sorte que je me retrouve à califourchon sur William, face à lui. J’étais tellement proche que nos nez se touchaient et que je pouvais sentir le mélange d’alcool, de nouilles et de joint qu’il dégageait. Cette odeur ainsi que son parfum étaient enivrants. Je me mis à fermer les yeux et vint poser mes lèvres sur celle de William pour l’embrasser langoureusement. Mes mains s’étaient posées dans ses cheveux que je caressais sensuellement. Je ne savais pas réellement ce que je faisais, comme si une part de moi était inconsciente, bordel je n’avais bu que trois verres seulement et j’étais vraiment dans un état second. Lorsque nos lèvres se quittèrent, je m’étais approchée de son oreille pour pouvoir lui murmurer

▬ L’alcool et ta présence me font penser à des choses pas catholiques. C’est moche non ? Tu me perturbes tellement

J’étais vierge, alors je n’avais aucune idée de ce qu’était le sexe. Pourtant, j’avais vraiment envie de lui, de lui offrir mon corps comme je lui avais offert mon cœur. Dans l’état où j’étais, je me sentais capable de tout faire pour lui, de lui crier ô combien je l’aimais. Parce qu’en fait je reconnaissais que ce n’était pas de simples sentiments, je l’aimais. J’aimais tout de lui, sa présence, son corps et son cœur. Et s’il m’avait avoué qu’il m’appréciait, je voulais qu’il m’aime. Alors peut-être que lui offrir mon corps allait le rendre fou amoureux de moi. Je n’avais pas l’impression que c’était le cas. Alors qu’il me repoussait pour finir son assiette de nems, je poussais un soupire. Je ne l’attirais pas, c’est ça ? Il n’avait pas envie de moi parce que je n’étais pas assez bien ? J’en avais marre de me torturer l’esprit pour rien, il m’avait avoué il n’y avait pas si longtemps que ça qu’il n’avait jamais ressentie de tels sentiments pour quelqu’un d’autres, ça voulait tout dire non ? Qu’il m’aimait ? Alors que Will posa son regard sur la station, je m’étonnais à faire le même geste pour regarder l’heure. Bordel, j’avais cours le lendemain et je ne comptais pas dormir tout de suite. Je me mis à froncer des sourcils et me mordiller la lèvre quand il me demandait s’il me ramenait. Je me redressais et croisais les bras. Je ne voulais pas le quitter, j’avais envie de lui, et je ne comptais pas lâcher l’affaire.

▬ Tu veux te débarrasser de moi ? Je ne veux pas rentrer dans cet état…

J’insinuais, en gros, que j’appréciais de rester chez lui. Je ne savais pas s’il avait comprit, alors j’accompagnais ma phrase de geste. Il venait de poser son assiette terminée et je me rapprochais de lui à nouveau : second round. Je posais ma main sur son visage et le caressais, tout en posant mon regard sur le sien, nous nous regardions, et c’était comme si nous étions en connexion. Je ne savais pas si lui avait déjà fait ça avec d’autres, mais c’était une première pour moi, une telle alchimie.

▬ Tu sais, je suis parfaitement consciente, je n’ai bu que trois verres après tout.

Alors que le soleil se levait lentement, je fus réveillée par les quelques rayons qui s’infiltraient à travers le store de la chambre de William. Un œil clôt et l’autre mi-ouvert, je clignais des yeux pour m’habituer à la lumière dans la pièce. Je sentais la chaleur corporelle du corps de la personne à côté de moi qui était nue, Will. J’étais enfin passée à l’acte. Jane, dix-neuf ans, venait enfin de coucher avec l’homme qui lui faisait tourner la tête. Et pour dire vrai, j’avais vraiment la tête qui tournait, mais sûrement à cause de l’alcool que j’avais bu la veille. J’étais nue moi aussi, et, en prenant le drap avec moi, je me levais du lit pour aller m’habiller. J’aurai apprécié rester avec lui dans le lit et attendre qu’il se réveille mais j’avais cours et je ne comptais pas manquer mes cours de français. Lorsque je sortais de la salle de bain prête, je me souvenais que je n’avais toujours pas le numéro de mon petit copain, drôle non ? Alors je pris une feuille rangée dans son bureau et y inscrivis mon numéro de téléphone et mon adresse pour chater sur le pc avec un petit mot du genre « Tu n’as plus de raison pour me contacter ! xXx Ta Jane ». J’espérais qu’il ne m’en veuille pas de le laisser seul ainsi, mais il fallait vraiment que je parte, j’avais déjà deux heures de retard sur ma journée parce qu’en effet il était déjà 9 heures et mes cours commençaient à 7h le mardi. Je poussais un soupire et m’avançais vers lui pour lui déposer un baiser sur la tempe. Il était encore plus beau endormit, le drap lui recouvrant la moitié du corps seulement. J’espérais aussi que maintenant qu’on avait couché ensemble il ne comptait pas me larguer comme une vieille chaussette. Parce que je lui avais donné mon corps pour lui prouver mon amour. Cette nuit-là avait été magique pour moi. J’avais eu quelques aprioris quant à ma première fois mais ça avait été parfait. Il ne m’avait pas fait mal et même si j’avais été bourrée, je me souvenais de tout dans les moindres détails. Je n’avais pas suffisamment but  pour que mes souvenirs soient effacés. Je quittais donc la chambre, pris mon sac en bandoulière, me recoiffais devant la glace et prit la porte pour me rendre à l’université qui était assez loin à pieds de chez lui. Je comptais donc prendre le bus alors que William hantait mes pensées.