La rencontre

« S'il te plait Stef, tu vois bien que je dois préparer mon mémoire... » - « T'es chiant Tony, je dois aller travailler là » - « Vasy prend un congés, je te le revaudrai, s'il te plait » - « C'est que des courses, ça peut attendre » - « Tu sais bien que Jessica revient ce soir, je veux lui faire plaisir » - « Assume alors, c'est à toi de lui faire plaisir, pas moi. Surtout pas à cette pouffiasse en plus » Je soupire, il m'exaspère « Arrête, je sais que ça va pas vous deux mais c'est pas comme si tu avais le choix, n'est-ce-pas? » - « Hm. D'accord, j'y vais » -« Génial ! T'es une soeur en or Stef. Je te ferai des nouilles pour te remercier ce soir, ok? » - « Y a intérêt, avec du boeuf, merci bien »

Elle prit sa veste et sortit rapidement de l'immeuble en déboulant les escaliers quatre à quatre. Qu'est-ce que son frère pouvait l'exaspérer. Il n'empêche que c'était la seule personne que Stefanie appréciait, admirait. Renfermée, froide, elle était du genre à éviter tout contact humain. C'est d'autant plus marrant lorsqu'on sait que cette jeune femme travaille en tant que serveuse dans un bar. Le contact humain, elle le subit tous les jours. Elle poussa un soupire et prit une grande bouffée d'air. Son frère avait besoin d'elle pour acheter de quoi se nourrir mais aussi un bouquet de fleur pour le belle et douce Jessica, copine de Tony, que Stefanie déteste. Si leur haine est réciproque, il faut néanmoins prendre sur soi. Elles vivent ensemble avec Tony en colocation. Stefanie se dit que ce n'est pas avec son minable salaire de serveuse qu'elle pourra se trouver un appartement dans la ville de Boston. Trop cher, elle sait qu'elle n'arrivera pas à joindre les deux bouts.

Sachant que son frère avait réussi à la convaincre d'aller faire les courses, elle devait donc appeler son patron pour lui prévenir qu'elle ne pourrait pas venir aujourd'hui. Tant-mieux, moins elle les voit, mieux elle se porte. Elle sortit son téléphone de son petit sac à main de couleur camel et composa le numéro du bar. Elle pu donc avertir qu'elle ne viendrait parce qu'elle était malade. Malade de vous voir tous les jours.... La jeune femme roula des yeux lorsque son patron, de mauvaise humeur, lui annonça qu'il ne manquera pas une occasion de la faire travailler plus demain à son retour. Elle acquiesa, sans réellement se préoccuper de ce que monsieur dit. Elle raccrocha, et avant même de pouvoir lever la tête pour regarder la ruelle, se retrouva au sol. Elle venait de percuter quelqu'un. Les fesses au sol, elle poussa un soupire en voyant son téléphone par terre, l'écran cassé. Putain, ça coûte une bringue c'te merde... Attend que je vois qui m'a poussé !

Elle leva les yeux et pu voir que cette personne était un homme. Elle se redressa rapidemment, en passant ses mains sur son jean pour enlever les quelques traces de saletés.

« Ca vous arrive de regarder là où vous marcher?  »

Stefanie se baissa pour ramasser son téléphone. Elle n'avait plus qu'à le changer. 200 dollars dans le vide, génial. La journée ne pouvait pas mieux se dérouler.

La journée ne pouvait être plus pourri. Antoine McSteele avait passé sa matinée dans son bureau en réunion. Il n'y avait pas pire pour commencer une journée. Après avoir donc parlé pendant quatre heures de fusion et d'acquisiton, le jeune homme prit ses affaires et sortit de l'entreprise. Il voulait manger dehors, ça lui changerait les idées. Il n'avait pas été stressé ainsi depuis pas mal de temps. Peut-être était-ce à cause de la situation économique du pays qui l'angoissait, ou simplement de savoir que le soir il allait rentrer, seul, et s'ennuyer. Sa vie semblait vide de sens. Toutes ses journées se ressemblaient et s'enchainaient sans que McSteele puisse en profiter.

Sa veste déposée sur ses épaules, le jeune homme décida de se rendre dans les galeries marchandes pour s'acheter un sandwich. Il connaissait une bonne boulangerie qui faisait de délicieux bagel. Au poulet, les meilleurs. Rien que d'y penser, cela lui donnait l'eau à la bouche. Il devait néanmoins faire vite pour ne pas s'absenter trop longtemps au bureau. Mais c'était son choix, c'est lui qui avait désiré devenir PDG et créer son entreprise connue dans le monde entier. MCSTEELE INC. était sa plus grande fierté. Il avait travaillé dur pour pouvoir devenir son propre patron, ne pas devoir rendre de compte à qui que ce soit.

Non pas qu'il avait la tête dans les nuages, il songeait seulement à commenter améliorer la situation de l'entreprise qu'il venait d'acquérir mais qui coulait à grande vitesse. Et cette jeune femme ne regardait pas où elle marchait, elle marchait vite. D'où était-ce SA faute ? Elle est gonflée celle-là.

« Il me semble que c'est à moi de vous poser cette question. »

Il arqua un sourcil et passa ses mains dans les cheveux. Les yeux fixés sur la demoiselle. Elle était jolie, un beau tin de peau et une belle chevelure. Malgré son aggassement, Antoine la trouvait rayonnante. Il baissa les yeux sur le téléphone cassé de la jeune femme.

« Laissez moi vous inviter à manger, c'est la moindre des choses que je ne puisse faire pour me faire pardonner. »

Qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce-pas? Et en général, les filles rampaient pour avoir ne serait qu'un rendez-vous avec Antoine. Un PDG riche, quelle fille ne voudrait pas de lui? Elle lui plaisait, physiquement. Et il aurait aimé en connaître plus sur cette jeune femme légèrement culottée.

Il se moque de moi c'est ça? J'étais au téléphone, c'était à lui de m'éviter. On aura tout vu. Légèrement énervée par le décès soudain de son téléphone, elle n'avait qu'une envie, s'enfuir. Mais monsieur "je regarde là où je vais" la surprit en lui demandant de manger avec lui. Il se fout du monde. Elle sentait son regard sur elle, ce qui la déstabilisait. Il avait un regard d'un gris perçant, qui devait plaire à beaucoup de filles. Néanmoins, Stefanie était tellement en colère qu'elle ne voyait rien d'autre qu'un stupide homme en face d'elle. Il était attrayant, il ne fallait pas le nier. Mais elle n'avait vraiment aucune envie de déjeuner avec un inconnu qui venait de la renverser, salir son pantalon et casser son iPhone. Stefanie lança un regard sombre au jeunes hommes. Ses yeux d'un beau marron ne quittaient pas les yeux gris du spécimen en face d'elle.

« Je n'ai pas besoin de votre pardon. Merci mais non merci »

Elle remit correctement son sac à main sur son épaule et lui tourna les talons en reprenant sa route, légèrement troublée par cette rencontre. Il était beau, très beau. Et cette beauté avait troublée Stefanie qui poussa un soupire en entrant dans le supermarché qui était juste au bout de la rue là où elle était tombée. Il était néanmoins sans gêne et elle n'avait pas besoin de sa pitié. Les gens l'exaspéraient, et ça depuis le décès de sa mère. Elle ne s'en était jamais remise. Et à part Tony, elle ne pouvait avoir confiance à personne. Qui avait été là pour elle lorsque sa mère agonisait dans sa chambre? Personne. Alors personne ne mérite sa confiance. La peur aussi de reperdre à nouveau quelqu'un qui lui est cher l'empêche de s'attacher à quiconque.

Après avoir achetée la nourriture et les fleurs, Stefanie s'installa dans un café. Le serveur vint à sa rencontre, lui demandant ce qu'elle désirait. Un thé. Elle n'aimait pas le café, seulement le thé. Il acquiesa et alla lui servir ce dont elle venait de lui demander. Elle entendit alors une voix familière lui demandant son prénom. Stefanie leva la tête. Mais qu'est ce qu'il me veut à la fin?

« Je ne vois pas en quoi vous dire mon prénom réparera mon téléphone. »

ET BIM ! Dans ta tronche. Fière d'elle, elle laissa apparaître un délicieux sourire en coin sur son visage. Il disparu rapidement lorsqu'elle remarqua que le jeune homme s'installa à sa table avec, lui aussi, un sourire sur les lèvres.

« Vous vous croyez vraiment tout permis... »

Elle n'appréciait guère sa façon de "Monsieur je me permet tout ce que je veux parce que j'ai un minimum de beauté et de confiance en soi"

Son audace lui plaisait énormément. Il était vraiment attiré par elle. Et le fait qu'elle refuse son invitation lui donnait encore plus envie de la connaître. Il pouvait paraître pour un harceleur pervers, il s'en moquait. Antoine est quelqu'un légèrement maniaque du contrôle et pevers. Ce statut pouvait donc lui être attribué. Lorsqu'elle tourna les talons, Antoine poussa un soupire. C'était comme si il retenait son souffle en sa présence. Boulversé, il tourna aussi les talons. Il allait, de toute façon, en savoir beaucoup sur elle grâce au pouvoir qu'il avait pu acquérir en faisait des recherches. Il aurait préféré, néanmoins, en savoir plus grâce à elle.

Après avoir mangé son bagel au poulet, il commença à marcher pour se rendre à son entreprise. Ne pensant qu'à elle tout le temps du trajet. Il s'arrêta net lorsqu'il la revit, assise dans ce café. Il ne le niait plus, il la trouvait sublime. Ses cheveux bruns qui retombaient sur ses épaules jusqu'à sa poitrine, ce visage doux, ses yeux d'un marron noisette perçant. Un sourire aux lèvres, Antoine avança d'un pas décidé jusqu'à la belle demoiselle, bien décidé à la faire craquer. Comment ne pouvait-elle ne pas tomber sous son charme? Cette resistante l'attirait, beaucoup. Il voulait faire en sorte qu'elle soit attirée par lui, comme toutes les autres.

Et sa réponse le surprit encore plus. Quelle audace putain ! Il baissa les yeux à nouveau pour voir l'état dégradé du téléphone et laissa apparaître un sourire en s'assayant sur le siège face à elle. Oh non, il n'allait pas lâcher l'affaire.

« Vous m'intriguez, c'est tout. »

Il passa une main dans ses cheveux châtains. Sa rencontre avec elle venait d'adoucir sa journée. Un peu de piment ne fait de mal à personne.

« Antoine McSteele, enchanté. »

Il lui tendit sa main qu'elle décida de serrer, après hésitation. Soulagé son sourire se mit à s'agrandir.

« Si c'est votre téléphone qui vous rend grincheuse, je peux vous le changer. »

C'est vrai non? Un téléphone n'était rien pour lui. Il gagnait plus que bien sa vie. Milliardaire à vingt-cinq ans, c'est respectable, non?

McSteele...McSteele, ça me dit quelque chose ça... Ses yeux gris la perturbaient. Et dés lors qu'il parlait, elle ne pouvait cesser de regarder ses lèvres. Elle n'avait jamais ressentie ça avant. Comment pouvait-elle être attirée par quelqu'un qu'elle ne connaissait à peine? Et puis, elle se surprenait elle-même à être ravie qu'il ne lâche pas l'affaire. En temps normal, elle se serait levée et aurait prit ses jambes à son cou. La présence des hommes la gênait. Elle n'avait jamais eu de petit copain, et ça n'était pas sa priorité pour l'instant. C'était son frère, son travail, et sa mère défunte. Elle n'avait toujours pas fait son deuil, au bout de sept ans.

Tu viens de casser un appareil à 200 dollars, donc oui, je suis énervée, idiot. Stefanie poussa un soupire et se remit une mèche de cheveux derrière son oreille.

« Je n'aime pas qu'on prenne pitié de moi, monsieur McSteele. Et je vous remercie encore une fois pour votre gentillesse inestimable mais je peux moi-même me financer un téléphone. »

En réalité, cette situation l'amusait. Pourquoi ne parait-il pas? Elle était froide, voir méchante et lui restait. Bizarre. Et cette situation était d'autant plus bizarre parce qu'après ce qu'elle venait de dire, qui était très méchant, il souriait de plus belle.

« Stefanie Johnson, mais je préfère Stef » Il la regarda d'un air ahuri. Quoi? Tu voulais savoir mon nom? « Mon nom.» dit-elle pour être sure de s'être fait comprendre. « Ce n'est pas que votre présence me dérange mais... Vous n'avez rien d'autre à faire? »

Le serveur arriva avec le thé qu'elle avait commandé. Enfin ! pensa t-elle tout en commençant à infuser son eau chaude, son regard rivé sur le si bel homme en face d'elle, qui lui faisait énormement d'effet soit dit en passant. Mais elle refusait de l'accepter. Et cette émotion qu'elle ressentait lui était désagréable. Elle n'avait jamais ressentie cela avant, elle n'avait jamais été attirée par un homme à ce point.

Etrangement surprit, Antoine était étonné qu'elle ne le reconnaisse pas. Après tout, il était connu et son visage apparaissait souvent dans le journal de la ville. Boston, mais aussi tous les Etats-Unis, le connaissaient. Elle devait être l'une des seules personnes à ne pas le connaître. A moins qu'elle ne fasse semblant. Hm. Etrange. Sa remarque l'amusa. Il aimait vraiment son caractère, sa façon de répondre, sa répartie. Elle était très mystérieuse, et il allait tout faire pour en savoir plus sur cette Stefanie Johnson dite Stef. Quel délicieux prénom. Tout comme elle. Si il pouvait, il l'aurait déjà embarqué dans son appartement et se serait jeté dessus. Mais les manière avant tout. En fait, elle l'attirait, il la trouvait belle et en plus de ça elle l'excitait. Son audace ne faisait que la rendre encore plus excitante. Il inspira, tentant de calmer son ardeur.

Sa présence ne la dérange pas? Malgré le ton sarcastique qu'elle venait de prendre, ça lui faisait plaisir. Il voyait bien qu'il ne la laissait pas indiférrente. Maintenant qu'ils étaient face à face, il pouvait voir ce qu'il lui faisait, l'effet qu'il avait sur elle. Il fut soulagé néanmoins parce qu'il en aurait prit plein la face si cette belle demoiselle n'avait pas été attirée par lui. Il se surprenait lui-même. Il ne pensait pas qu'il serait autant rassuré de savoir qu'il l'attirait. Il avait eu plusieurs conquètes, mais rien de concret. Il se disait "sans coeur" parce qu'il n'avait jamais aimé une femme auparavant. Il les considérait plutôt comme des objets sexuels, qui n'étaient là que pour assouvir son besoin. Elle n'en voulait qu'à sa beauté, son argent, son statut social. Mais elle, Stefanie, semblait différente des autres.

« Cela semble peut-être étonnant mais non, je n'ai rien d'autre à faire »

Menteur ! Une tonne de boulot l'attendait. Mais il s'en contre fichait. Pour l'instant, il n'y avait qu'elle, et rien qu'elle. Il passa, alors, un rapide coup d'oeil au sac de courses déposés au pied de la jeune femme. Des fleurs? Hm? Pour qui?

« Vous attendiez quelqu'un peut être? » Avec le regard qu'elle lui lança, il savait qu'elle lui demandait de quoi il parlait. « Les fleurs... »

« Ah..Non. Je suis coursière à mes temps perdus »

Lorsqu'elle roula des yeux, il eu soudain l'envie de lui prendre le visage, l'embrasser et la remettre à sa place. Ca l'agassait, mais à la place, il passa une main dans ses cheveux. Il fut soulagé que ces fleurs ne soient pas pour un homme. Maintenant, il voulait vraiment savoir si elle avait quelqu'un dans sa vie ou pas. De toute façon, il le saurait rapidement, une fois qu'il serait retourné au bureau et qu'il aurait fouiné dans la vie privée de mademoiselle Johnson.

« Vous vivez dans le coin? » dit-il d'un air détaché. Ce qu'il n'était pas, évidemment.

Sa curiosité lui est déplaisante. Que ça peut-il lui faire de savoir pour qui sont les fleurs. Mon dieu faite qu'il parte...Il me déstabilise trop, ahh, please help. Elle ne voulait pas en apprendre sur lui, et ne voulait pas se dévoiler plus. Il n'avait pas besoin de savoir plus sur elle. Sirotant rapidement son thé, elle voulait faire en sorte de finir au plus vite pour pouvoir partir. Sa présence la troublait, et il fallait qu'elle se retrouve pour penser à cela, calmement. Parce que là, elle était tout sauf calme. Et même si elle savait qu'elle n'allait jamais le revoir par la suite ça n'était pas grave. Elle ne voulait pas être attirée par quelqu'un et ce sentiment qu'elle n'avait jamais ressentie avant l'intriguait. Elle n'avait jamais, auparavant, appréciée ne serait-ce qu'un peu la présence d'un homme. De toute évidence, ça n'allait pas être au vieux bar dans lequel elle travaillait qu'elle allait pouvoir rencontre le prince charmant. Et ce n'est pas avec son âme sombre qu'elle allait attirer un prince. Bien qu'elle partageait tout avec son frère, elle n'allait pas lui raconter sa rencontre d'aujourd'hui. Il trouverait ça bizarre que Stefanie soit perturbée par un homme, et il ferait tout pour le voir, savoir ce qu'il lui veut.

« Vous vivez dans le coin? »
Le regard froid d'Antoine lui donna des frissons. Arrête de me regarder comme ça...Tu ne vois pas que ça me perturbe? Et ses lèvres... Non arrête Stef, regarde le, regarde toi, tu es pathétique..
« Oui. Je suis désolée mais je vais devoir vous laisser. »

Elle prit rapidement son sac de courses et son sac à main qu'elle posa sur son épaule. Antoine resta assis, en la dévisageant, ce qui la troubla encore plus. Elle ne pourrait pas passer deux secondes de plus avec lui, il la trouble trop. Stefanie sortit de son sac à main une pièce qu'elle disposa dans la petite coupelle sur la table du café. Antoine se leva de sa chaise. Elle lui adressa un rapide sourire en coin, chose rare chez elle, mais ce moment avait été sympathique.

« Au revoir, monsieur McSteele. » Et elle partit, le laissant seul, devant le café.